mardi 24 juin 2014

Le vagin de Deborah De Robertis ou la double imposture d'un certain art contemporain


Pour ceux qui n'étaient pas au courant, une artiste luxembourgeoise répondant au nom de Deborah De Robertis a eu l'iconoclaste idée de montrer son vagin au public du Musée d'Orsay devant l'Origine du Monde de Gustave Courbet le jeudi 29 mai, jour de l'Ascension. La scène, filmée et aussitôt mise en ligne sur Youtube, a très vite fait sensation sur les internets.
Deux choses :

1 - Lorsqu'on lit les interviews de Deborah De Robertis données à la presse afin d'expliquer son geste (non je n'écrirai pas "performance"), à la question "Que recherchez-vous [...] ?" posée par le Figaro, l'intéressée répond :
Cela me sert à voir. À rendre visible le regard posé sur cette femme nue, couchée et observée par Courbet.
Et lorsqu'une journaliste de francetvinfo.fr lui demande des précisions quant à sa démarche artistique, elle obtient pour toute réponse :
C'est difficile à résumer en quelques mots. Je prête mon visage à L'Origine du monde, mais surtout ma voix. Dans la bande-son, je dis que "je suis toutes les femmes". C'est symbolique. Et c'est une démarche réfléchie sur la question de la censure aussi. 
Quant à l'accusation d'exhibitionnisme, l'artiste luxembourgeoise la balaye d'un revers de main :
Sur la définition légale de l'exhibitionnisme, je pense que les lois ne s'appliquent pas à cet acte. Il s'agit d'une œuvre d'art, réfléchie depuis au moins huit ans.
Pour résumer, Deborah De Robertis justifie la haute teneur artistique de son geste soit par un verbiage sans queue ni tête (jargon des artistes contemporains) soit par un syllogisme teinté de tautologie ("c'est de l'art parce c'est moi qui l'ai fait et que je suis artiste").

Deborah De Robertis se prépare pour une nouvelle performance devant la Vénus de Milo

2 - L'exhibition de shnek de Deborah De Robertis est un exemple parmi une pléthore d'autres de l'imposture comique d'un certain art contemporain. Montrer sa foufoune devant une toile représentant une foufoune est aussi pertinent et subtil que de se mettre à poil, le pénis à l'air, devant une des innombrables statues grecques figurant un homme nu. C'est digne du plus raté des happenings d'un Cyril Hanouna.

L'art contemporain souffre d'une maladie génétique : celle d'exister pour choquer. C'était chose aisée il y a plus d'un demi-siècle, c'est beaucoup difficile de nos jours, à une époque où l'anti-conformisme est un conformisme, où la figure du rebelle est érigée en modèle et où il "faut briser les tabous". Condamnés à se montrer toujours plus "irrévérencieux", "subversifs", "iconoclastes" -c'est-à-dire "à choquer le bourgeois" pour reprendre une terminologie du XIXe siècle- un majorité d'artistes dit contemporains se mettent en scène dans des """performances""" de plus en plus stupides : peindre avec un pinceau dans le cul, se balader à poil ou éclater des oeufs remplis de colorants dans son vagin. Et cela le plus sérieusement du monde.

Mais le plus drôle dans l'histoire, c'est que les acheteurs d'art contemporain sont les mêmes "bourgeois" que ces artistes exècrent et prétendent choquer. Et je ne parle point des petits bourgeois de la classe moyenne, mais de cette hyper bourgeoisie mondialisée composée des plus grosses fortunes de notre temps : jadis Rockfeller et Rothschild, aujourd'hui Pinault et Arnault...Comment ne pas voir l'imposture ? La vente et l'achat d'oeuvres d'art contemporain est depuis longtemps un business juteux, si bien qu'une bulle spéculative explosa en 1991 et que le secteur entra en crise.

Salut, moi c'est François Pinault. Si toi tu galères à acheter de belles choses, moi je dépense des millions pour m'offrir des trucs super moches.
A l'instar de la foufoune party de Deborah De Robertis, un pan massif de l'art contemporain relève d'une double imposture. D'une part, sa volonté de choquer à tout prix produit des "oeuvres" de plus en plus débiles et absurdes, et d'autre part, ses laudateurs sont ceux qu'il prétend offenser -le directeur du musée d'Orsay a par exemple félicité mademoiselle De Robertis pour sa prestation.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire