mardi 5 août 2014

La guerre israélo-palestinienne n'aura pas lieu

Entrée des troupes israéliennes dans Jérusalem-Est (juin 1967)
Le conflit israélo-palestinien semble sans issue. Pourquoi ? Parce qu'aucun des deux belligérants ne réussit à s'imposer en tant que vainqueur. Un constat étrange tant le combat depuis plus de 60 ans paraît déséquilibré entre un puissant Tsahal et les divers groupes armés palestiniens largement inférieurs -même épaulés par leurs voisins arabes. Alors pourquoi diable Israël peine à remporter une victoire pourtant acquise d'avance ?

La réponse se trouve dans la nature intrinsèque du conflit. Qu'est-elle donc si ce n'est, fondamentalement, une guerre de conquête ? Une guerre de conquête qui, replacée dans un contexte historique plus large, s'impose comme l'ultime épisode de l'expansion coloniale de l'Occident sur le reste du monde. En effet, elle tire son origine de la volonté affichée par une communauté de Juifs européens de s'implanter puis de fonder un Etat en terre palestinienne au dépend des autochtones. En d'autres termes, de coloniser une terre étrangère à l'instar des Français au Maghreb et en Afrique de l'Ouest ou des Britanniques en Inde au XIXe siècle. En retour, Arabes de Palestine et des alentours n'ont eu de cesse dans leur ensemble de contester cette implantation voire de nier la légitimité de l'Etat hébreu ou du moins ses frontières. Le conflit israélo-palestinien est donc de nature coloniale. Et sa singularité première vient du fait qu'il s'est développé à une époque où les puissances occidentales faisant face aux premiers heurts de la décolonisation. Alors que s'émancipait le Tiers-Monde, Israël, à contre-courant de l'Histoire, éployait sa domination en Palestine.

Ainsi, le conflit israélo-palestinien étonne-t-il par son anachronisme. Et c'est cet anachronisme qui l'accule tout droit dans une impasse. Il est indéniable que s'il s'était déroulé un siècle plus tôt, Israël n'aurait fait qu'une bouchée des Palestiniens, recouvrant aisément les dimensions de l'antique Royaume de David. Or, le monde occidental d'après 1945, traumatisé par la Seconde Guerre Mondiale, ses 60 millions de morts, les camps d'extermination et la bombe atomique, ne veut plus de guerre. Impulsé par l'ONU et le Droit international, l'air du temps est au pacifisme. Plus que jamais, la guerre est considérée comme le pire des maux de l'humanité. Désormais les Etats ne guerroient plus en affichant leur motivations belliqueuses mais en prétextant des raisons humanitaires, généreuses et philanthropiques. D'où l'impossibilité pour Israël de mener ouvertement la conquête définitive de la Palestine. Il en résulte depuis près d'un siècle cette singulière succession de conflits courts et déséquilibrés en lieu et place d'une guerre au sens traditionnel. Sous le règne de la post-modernité, Israël ne peut donc pas assumer un conflit anachronique car intrinsèquement colonial. C'est pourquoi la "guerre" israélo-palestinienne n'aura pas lieu.

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