mardi 11 novembre 2014

Je publie donc je suis



Comme nombre de jeunes gens de sa génération, Louise est une fille hyper connectée. A 17 ans, elle possède un compte Facebook, un compte Twitter, un compte Instagram, un compte Deezer, un compte Youtube, un compte Google +, un compte Pinterest et un compte LinkedIn (pour, plus tard, son "avenir professionnel"). La lycéenne ne se sépare jamais de son I Phone 5 grâce auquel elle se plaît à photographier absolument tout et n'importe quoi. Néanmoins, l'écrasante majorité de ses clichés la représente seule ou avec ses amis.
Il y a les "pics" du matin, dans le reflet du miroir de la salle de bains, celles du midi afin de "partager" les repas entre copines et les incontournables photos de soirée, les plus amusantes. Les journées de Louise passent au rythme des notifications qui se succèdent immanquablement du lever jusqu'au coucher. Adepte du selfie, l'adolescente assume totalement son penchant narcissique. Prendre soin de son apparence reste la première de ses occupations. Elle aime plus que tout se contempler et, surtout, être contemplée.

mercredi 5 novembre 2014

La mafia des "fils et filles de"


« Dans la vie, il y a trois facteurs : le talent, la chance, le travail. Avec deux de ces facteurs, on peut réussir. Mais l’idéal est de disposer des trois. » (Bernard Werber, L’Empire des Anges)

Ah, l’idéal républicain ! La réussite par le mérite, le travail acharné, les efforts et les sacrifices qui seront, à n’en pas douter, reconnus un jour ou l’autre, et donneront accès à la lumière, la notoriété, la consécration… Tout cela est bien beau sur le papier. La réalité, hélas, est tout autre. La République française est infestée de réseaux, de sociétés de copinage professionnelles, d’hommes et de femmes influents qui n’ont qu’à décrocher leur téléphone pour faire démarrer ou rebondir une carrière. Le népotisme est probablement le système le plus injuste qui soit, car il ne repose que sur le fait d’être né avec le bon patronyme, les bonnes relations et la réputation de ses géniteurs, passe-droit et passeport pour une carrière déjà toute tracée. Le nom et le renom sont les clés magiques qui permettront d’ouvrir les portes les plus hermétiques. Nous avons eu l’idée de répertorier tous ces privilégiés, ces enfants bien nés, souvent arrogants et dépourvus de génie, même s’il existe toujours des exceptions pour confirmer la règle. En parcourant cette liste, très longue mais non exhaustive, les plus naïfs d’entre nos lecteurs prendront conscience, s’il en était besoin, que les « fils et filles de » raflent une quantité effarante de places dans les milieux artistiques, politiques et médiatiques, empêchant les autres d’accéder à ce qui leur reviendrait de droit.

lundi 3 novembre 2014

Les dernières pages du journal Debord


Quelques mois avant sa mort, Guy Debord réalise un documentaire pour Canal+. Diffusé en 1995, "Guy Debord, son art, son temps" passe très vite en revue l'oeuvre du penseur pour se concentrer sur l'analyse de l'époque. N'étant pas grand connaisseur de l'intéressé, certains éléments m'ont échappé, d'autant plus que le style situationniste se révèle assez hermétique car un brin intello. Au Fumoir, nous savons que Debord est l'auteur du célèbre ouvrage "La société du spectacle". Il a notamment théorisé la disparition du réel au profit de la domination des miroirs aux alouettes que sont les médias, le cinéma et autres divertissements.