dimanche 2 mars 2014

Les pires reprises des Beatles dans la langue de Molière



Les chansons des Beatles sont les plus reprises à travers le monde. Vous vous demandez sûrement pourquoi. Parce qu'il s'agit du groupe de musique le plus connu sur la surface de notre bonne vieille Terre ? Oui-da, mais pas seulement : c'est aussi et surtout parce qu'il est difficile de foirer une reprise des Fab Four tant leurs chansons sont efficaces et fédératrices. Et pourtant, certains ont réussi cet exploit. Et ce, qui plus est, dans le langue de Molière. Le Fumoir vous propose un tour d'horizon des pires reprises francophones des Beatles -nous remercions le Québec pour sa participation.


CLAUDE FRANCOIS - Des Bises de Moi pour Toi (1963)

Les chercheurs les plus éminents s'échinent toujours à comprendre comment un type à la voix si exécrable a pu conquérir les charts de son temps. D'autant plus que Claude François -pour ne pas le nommer- incarne la vague yé yé dans tout ce qu'elle a de détestable : un business basé sur des reprises sans âme des succès britanniques et américains des 60's sur le modèle tayloriste. Ainsi, près des trois quarts du répertoire de Cloco sont-ils composés de reprises, tel l'horripilant Des Bises de Moi pour Toi inspiré du From Me to You des quatre garçons dans le vent.


DOROTHEE FOY - Donne-moi ta main (1965)

Ecouter Dorothée Foy reprendre le classique I Want to Hold Your Hand, c'est comme assister à la création d'un Frankenstein musical. Prenez une voix qui fleure bon les années 40 -genre Edith Piaf-like, laissez-la chevroter dans la réverbération la plus opaque sur un twist typiquement yé yé, puis saupoudrez le tout d'une bluette adolescente dont les paroles ainsi chantées semblent sortir de la bouche d'une cougar dégueulasse. Voilà, vous obtenez l'improbable Donne-moi ta main.



STONE - Le jour, la nuit (1966)

You Won't See Me est une de mes chansons préférées des Beatles. Bien que méconnue, elle concentre ce subtil mélange d'adolescente insouciance et d'orfèvrerie mélodique qui fait le génie du groupe de Liverpool. L'inénarrable Stone (avant qu'elle soit flanquée de Charden) n'a pas hésité à la reprendre à la sauce pouet pouet, maculée de cuivres tout droit sorti de la dernière des fanfares de province. Ajoutez à cela un chant dont la fausseté et le manque de conviction atteignent des sommets, et vous avez la recette pour transformer une pépite de pop song en de la variétoche pure soupe.



OLIVIER DESPAX - Dis-moi (1966)

Je ne sais rien d'Olivier Despax, si ce n'est qu'il s'est illustré en tant que tortionnaire francophone de la jolie ballade Here, There & Everywhere. Vous connaissez le principe de l'overdub ? Cela consiste à chanter par-dessus sa propre voix préalablement enregistrée. Eh bien, Olivier Despax réussit l'exploit d'être en décalage avec lui-même ! Le résultat est d'une telle fausseté qu'écouter Dis-moi équivaut à s'enfoncer des épines dans les oreilles.



MAURICE CHEVALIER & LES COMPAGNONS DE LA CHANSON - Le sous-marin vert (1966)

Attention mesdames et messieurs, on passe à la catégorie supérieure. Quelques années avant sa mort, le titi parisien Maurice Chevalier livre une version plus franchouillarde tu meurs du tube interplanétaire Yellow Submarine. D'une, le sous-marin jaune traduit dans la langue de Molière devient, par une alchimie des plus mystiques, vert. De deux, l'esprit enfantin et ludique qui colorait la chanson originelle laisse place à une ambiance estaminet où l'on imagine aisément des pilliers de bar brailler un ballon de rouge à la main. Le plus étonnant étant ces contre chants (papapapapa) digne des meilleures chansons à boire de l'hexagone. C'est ce qu'on appelle le génie français.



SACHA DISTEL & VERONIQUE SAMSON - Avec un petit coup de main des copains (1967)

Figurant sur l'album concept Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band, l'imparable pop song With the Little Help From My Friends est surtout connu via l'épique reprise interprétée par Joe Cocker en 1968. En revanche, rares sont ceux qui se souviennent de la version française qu'en livrât Sacha Distel. En compagnie de Véronique Samson, le crooner en carton vide le tube des Beatles de toute sa substance guillerette et le réduit à de la guimauve insipide -le refrain est particulièrement raté. Encore un bel exemple d'alchimie à l'envers.



SZABO - Il pleure dans mon coeur (1971)

Je vous ai réservé le meilleur pour la fin ! Tout le monde aime l'incontournable Hey Jude, sa mélodie accrocheuse et son final tout en choeurs grandiloquents. Eh bien, prenez garde car c'est à un véritable viol musical que se livre la québécoise Szabo avec Il pleure dans mon coeur. Le site de référence bide-et-musique.com décrit la chanteuse comme "une passionnée d'astrologie, de sciences occultes, de magie noire et de voyance". On comprend dès lors mieux le déchaînement de cris mi-hystériques mi-orgasmiques qui assaille le pauvre auditeur durant les quatre minutes littéralement insupportables de ce carnage sonore. Non contente de maltraiter l'oeuvre des Beatles, Szabo la crécelle saligote aussi Paul Verlaine, les paroles étant tirées de son poème éponyme. Les limites de l'inaudible et du non-sens sont bel et bien franchis. Bon courage :



BONUS !!!

WOOFERS & TWEETERS ENSEMBLE - Ob-La-Di Ob-La-Da (1983)

Ce n'est pas une reprise en français et elle est volontairement parodique. La version de Ob-la-di Ob-la-da signée du Woofers & Tweeters Ensemble n'a a priori pas sa place dans ce classement. Je ne pouvais toutefois vous quitter sans vous faire (re)découvrir ce grand moment de n'importe quoi musical. Connu également sous le nom de Beatle Barkers, le groupe néo-zélandais publie en 1983 un album composé uniquement de reprises des Fab Four interprétées au synthétiseur avec des cris d'animaux. Bonne écoute et vive les Beatles !