dimanche 17 novembre 2013

Le Phonographe du Fumoir #8



L'automne est désormais bel et bien installé. Les températures chutent, le gris est la couleur dominante du ciel, les ventes de mouchoir explosent et les gens qui toussent envahissent votre quotidien. Fort heureusement, le Phonographe est de retour pour apporter un peu de soleil dans vos vies tristounettes. Bonne écoute !


GERRY BOULET - Toujours vivant (1988)

Au Fumoir, on trouve les Québécois très marrants. Je ne vous cacherai pas que certaines de nos plus franches rigolades eurent pour origine une chanson de Roch Voisine, de Céline Dion ou d'Isabelle Boulay. Toutefois, le fou rire ultime fut déclenché un beau jour par Toujours Vivant de Gerry Boulet. Le gaillard est un peu le Jean-Louis Aubert de la Belle Province : leader du groupe Offenbach dans les 70's -qui a entre autres signé le tube Deux autres bières-, Gerry Boulet se lance dans une carrière solo couronnée de succès avant de succomber à un cancer de la prostate en 1994. Accent à couper au couteau, paroles mystiques, crinière de feu et clip kitchissime : Toujours Vivant est un concentré de bonheur à l'état pur.




PAVEMENT - We are underused (1997)

Depuis plusieurs jours, je me lève la nuit, le pyjama maculé de sueur, en songeant à la période critique que traverse Jean-Marc Ayrault. D'aucuns, et ils se font de plus en plus nombreux, n'attendent que son éviction pour consacrer Martine Aubry à la tête de Matignon. La baronne de Lille ne s'en était point cachée en 2012 : si la gauche prenait les rênes du pays, elle n'intégrerait le gouvernement qu'à condition d'être Premier Ministre. A l'instar de l'excellent groupe indé Pavement -orfèvre s'il en est en lo-fi doux-amer- les Aubristes hurlent à qui veut l'entendre qu'ils sont sous-utilisés. Tenez-le vous pour dit.



EDVARD GRIEG - Dans l'Antre du Roi de la Montagne (1874)

Les béotiens vous diront qu'ils ont déjà entendu cet air dans quelque publicité à la télé. Les cinéphiles ne manqueront pas de signaler que Fritz Lang l'utilisa il y a fort longtemps, et d'une façon des plus intelligentes, dans le chef d'oeuvre qu'est M le Maudit. Les rats de bibliothèque rétorqueront qu'il s'agit là d'un extrait de la partition accompagnant Peer Gynt, pièce de théâtre signée du grand Henrik Ibsen. A sa simple évocation, les mélomanes la taxeront de "musique de beauf" et dévieront sur Pierre Boulez ou Iannis Xenakis. Bref, vous l'aurez compris, tout le monde connaît Dans l'Antre du Roi de la Montagne. Un peu comme Billie Jean ou L'Aventurier. Mais peu savent qu'il s'intitule de la sorte. Contrairement à Billie Jean ou à L'Aventurier.




MELODY'S CHAMBER ECHO - Some Time Alone, Alone (2013)

Derrière Melody's Echo Chamber se cache une Française nommée Mélody Prochet. Pour son premier album, la donzelle à frange fait preuve d'une maturité remarquable : sa pop troublée et troublante, ornée de guitares noisy, se révèle terriblement envoûtante. Une réussite dont ne peut pas être étranger l'Australien Kevin Parker (le producteur du Lonerism de Tame Impala) qui co-réalisa l'album. Petite douceur psyché, Some Time Alone, Alone en est l'exemple le plus probant.



BLIND WILLIE JOHNSON -Soul Of a Man (1930)

Ecouter Blind Willie Johnson c'est plonger les esgourdes grandes ouvertes dans les fonds baptismaux du blues et, partant, en extraire la substantifique moelle. Il fut en effet parmi les premiers artistes du genre à être enregistré dès les années 1920 grâce à l'avènement de l'industrie du disque. D'une beauté à couper le souffle, Soul Of a Man narre l'histoire d'un homme errant sur les routes afin de trouver des réponses à ses tourments d'ordre religieux. Accompagné de sa guitare et de Willie B. Harris aux refrains, Blind Willie Johnson y chante avec un mélange de douleur et de ferveur inhérent aux si poignantes premières heures du blues.



MAZZY STAR - Blue Light (1993)

Hope Sandoval est le genre de femme qui ferait craquer n'importe quel homme. Elle est belle, elle est talentueuse et, surtout, elle est dotée d'une voix littéralement ensorcelante, à se damner vous dis-je. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe Mazzy Star, dont elle est l'une des deux têtes pensantes, son sensuel organe s'est brillamment illustré sur le fameux Paradise Circus de Massive Attack. Ci-dessous, la ballade éthérée Blue Light, extraite du classique "So Tonight That I Might See", vous fera, à coup sûr, planer à deux milles.


LAFAYETTE AFRO ROCK BAND - Hihache (1975)

Sortez la coupe afro, la chemise à col pelle à tarte et le pantalon patte d'eph'. Véritable bande-son des seventies version funky moumoute, la musique de Lafayette Afro Rock Band souffre étrangement d'un déficit de notoriété. La formation d'origine américaine -mais venue s'installer en France en 1972- fut pourtant abondamment samplée par les peu créatifs pionniers du hip-hop. Petite perle groovy, Hihache s'écoute comme on savoure un bon bourbon ou un granola -c'est selon.


RABIH ABOU KHALIL - Arabian Waltz (1996)

On serait en mesure d'affirmer que vouloir marier Occident et Orient revient à tenter de réconcilier Bip Bip et Gros Minet ou mélenchonistes et lepenistes. Autant pisser dans un violon me direz-vous. Pas tout à fait car il n'est pas impossible d'associer deux éléments contraires, tel le chaud et le froid d'un profiterole. C'est en tout cas le pari que s'est lancé, il y a de cela plusieurs décennies, le virtuose du oud Rabih Abou Khalil. Jazz et musique orientale convolent joyeusement sous sa bénédiction au gré d'albums tout plus excellents les uns que les autres.

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