Toujours plus loin, toujours plus
fort. Dans ce deuxième et dernier volet de notre anthologie des pires bides de
l’histoire de la musique francophone, nous avons décidé de sortir la Grosse
Bertha. Attachez vos ceintures.
François Juno – L’an 1999 (année
inconnue)
Qu’est devenu François
Juno ? Certains connaisseurs ès bides vendraient père et mère pour le
savoir. Cet homme est un vrai mystère : deux titres enregistrés,
probablement dans les années 1970 ou début 1980. Un visage doux comme l’est
parfois celui des prédateurs pédomanes, une voix de travesti de cabaret
glauque : rien ne laissait présager qu’un tel individu devienne une icône.
Il est pourtant l’idole d’une frange d’esthètes, adorateurs de bides hardcore.
Philippe Mordan – Les filles de
Janzé (année inconnue)
Philippe Mordan nous rappelle les
photos de classe de notre enfance. Chaque année, un fort en thème, lunettes en
cul de bouteille et vêtements des années 50, était désigné comme
souffre-douleur de service. Les plus humains savaient que ces gentils ploucs
recelaient des qualités cachées, une sensibilité et un besoin d’amour
irrassasiable. Notre ami nous en donne ici une preuve éclatante, avec ce
diamant brut, taillé pour vous Mesdames.
Gérard Lenorman – Frédéric et
l’ovni (1980)
Une histoire d’amour contrariée
entre un être humain et une extraterrestre, sur des arrangements dignes de la
Soupe aux Choux : c’était si énorme qu’on n’osait le croire. Pourtant,
notre ami Gégé l’a fait. À quand « Stéphane et la soucoupe », « Didier
chez les Petits-Gris », ou encore « Hervé et les
Hommes-Lézards » ?
Parti Socialiste – Mitterrand
Président (1981)
1981 : selon l’immense Jack
Lang, la France passe « des ténèbres à la lumière ». On ne sait pas
si Tonton-la-Francisque doit sa victoire à cette chanson ringarde, mais en tout
cas, elle aura vibré dans le cœur de la France Tranquille pendant des mois,
laissant entrevoir des lendemains qui chantent. Nous aurions rêvé d’un tel
hymne de campagne pour Flamby le Magnifique.
William Leymergie – La chanson de
Pac-Man (1984)
Avant d’adopter le ton
sarcastique et désinvolte qui deviendra sa marque de fabrique, William
Leymergie, alias « Willy », a eu l’audace d’interpréter, toute honte
bue, ce nanar de compétition. Déambulant sur fond d’images du dessin animé Pac-Man,
l’élégant Bill fredonnait des paroles mémorables en balançant sa canne
comme Gene Kelly. Aujourd’hui, le gentil William se fait appeler
« l’étrangleur de Télématin ». C’est ce qui s’appelle un beau
parcours.
Jeanne-Mance Cormier – La chanson
de l’handicapé (1985)
Au Fumoir, nous préférerions
mourir sous la torture que de nous moquer d’un handicap quel qu’il soit. Ainsi,
la Québécoise Jeanne-Mance Cormier, qui ne mesure que 46 centimètres, ne nous
inspire pas même un sourire. Car c’est la beauté intérieure qui compte, et
lorsqu’elle se double de talent, il n’y a plus qu’à se taire et écouter.
Daouda – La femme de mon patron
(1985)
Que feriez-vous si la femme de
votre patron vous faisait du rentre-dedans ? Tiraillé entre deux intérêts
opposés, sans doute auriez-vous grand peine à vous sortir d’affaire. L’Ivoirien
Daouda Koné, aussi surnommé « le Sentimental », nous donne une grande
leçon en nous narrant par le menu ses doutes et ses impressions quant à cette
situation inconfortable. D’une beauté sans nom, cette chanson n’a étrangement
pas encore fait date. Ça ne saurait tarder.
Yves Rénier – P.C.V (1986)
Une femme qui vous appelle en
P.C.V en pleine nuit pour vous faire comprendre que vous n’avez plus la cote…
De sa voix chaude, le Commissaire Moulin répond par borborygmes, entrecoupés
par un refrain immonde. Aux paroles, Boris Bergman, et ses jeux de mots
toujours sur le fil (« ça donne à rafraîchir »…). Oui, on peut dire
qu’à ce niveau, un bide peut devenir une pièce de musée.
Aznavour pour l’Arménie – Pour
toi Arménie (1989)
Alors que l’Arménie se relève
difficilement du séisme du 7 décembre 1988, Charles Aznavour a l’idée géniale
de réunir en urgence la confrérie du bide au grand complet pour recueillir les
fonds nécessaires à l’aide aux victimes. Hormis deux ou trois erreurs de
casting, ne cherchez pas, ils sont tous là. Jean-Pierre Foucault tout
frétillant, Eddy Mitchell déchaîné, Hervé Vilard tragique, et Nicoletta
surgissant de nulle part comme un spectre. On n’a pas connaissance d’un tel
cadeau empoisonné dans l’histoire de la chanson caritative.
Bassline Boys – On se calme !
(1989)
Invité sur le plateau de
l’émission Ciel mon mardi, le groupe
de new beat se voit accusé de faire l’éloge du nazisme, à cause d’une chanson
mal comprise. Outrés, les membres du groupe demandent un droit de réponse pour
se justifier, mais on ne le leur accorde pas. De rage, ils composent ce titre kitsch et oppressant, samplant des paroles de Christophe
Dechavanne ou encore de Frédéric Dard. Les images du clip, qui ont terriblement
vieilli, sont à la limite du supportable.
Itoura Moussongo – Steph (1999)
Non, ce clip ne date pas des
années 80, malgré les apparences. Cette silhouette distinguée, incrustée à
l’artisanale sur des images de routes et de verdure, est celle d’Itoura
Moussongo, un chanteur congolais. Grâce à des paroles aussi belles et
mystérieuses qu’un proverbe africain, accentuées d’une façon particulière
(« cela t’a irrité tes parties », « de tes tristesses, tes
zombies »), cette chanson est devenue culte sur les réseaux de
l’underground bidophile.
Michel Farinet – 1.2.3
chanson-passion (2000)
Un temps soupçonné d’être le
« pauv’con » insulté par M. de Nagy-Bocsa, Michel Farinet doit
surtout sa célébrité à l’excellent site Bide et Musique. Ce paisible retraité
picard a déjà composé plusieurs centaines de chansons, qu’il interprète
lui-même, faute de volontaires, afin de ne pas laisser ses trésors au fond d’un
tiroir. La chanson qui nous intéresse ici est une ode enflammée au peintre
Bruegel l’Ancien.
Didier Barbelivien – Envoie les
clowns (2005)
C’est bien connu, le monde n’est
pas joli-joli. Les guerres, les attentats, tout ça. Barbelivien, grossiste en
nullités, nous offre un instant de réconfort en envoyant les clowns, comme au
cirque. Le tout soutenu par une chorale d’enfants à vous faire pleurer un
croque-mort. Comme quoi la vie peut être belle malgré les coups du sort.
Autoproclamé « futur roi de
la pop francophone », le Québécois Philippe Lalanne a sévi sur le web aux
alentours de 2005. Assis devant son synthétiseur, il interprétait d’une voix
pure comme du cristal de petits chefs-d’œuvre déchirants d’émotion, comme cette
passion brûlante qui ne dura qu’un été. Aux dernières nouvelles, il semblerait
que le monsieur ait disparu de la circulation.
Laurent Luyat – No sport, no stress (2010)
Les habitués des Jeux Olympiques
ou de Roland-Garros connaissent bien cet aimable bonhomme au visage juvénile,
qui a le charisme d’une endive cuite. Alors que personne ne lui demandait
l’heure qu’il était, le gendre idéal des sportifs de canapé a décidé de pousser
la chansonnette, en reprenant le célèbre adage de Churchill. À notre
connaissance, aucun réalisateur de clips n’avait jusqu’ici osé incruster le
visage d’un footballeur sur une pique à fondue.
Il manque Disco Laser de Rony Emanuel et le top serait un top de compétition.
RépondreSupprimerTija b : D'après moi, ce n'est pas anormal que Rony Emanuel "Disco laser" ne soit pas dans ce Top, car c'est une fausse mauvaise chanson. Si elle était bien chantée, elle serait vraiment bonne, voire peut-être un tube.
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