Indignée par la soudaine montée
des températures et la joie de vivre qui en découle, la rédaction du Fumoir, qui a
coutume de pratiquer le mauvais esprit et la méchanceté la plus gratuite, n’a
pas perdu son temps sur les plages de sable fin à écouter du chill-out en
buvant des cocktails. Elle vous a concocté une anthologie des chansons
françaises les plus sinistres, grotesques et déprimantes, afin que votre été
devienne un calvaire.
Julien Lepers – De retour de vacances (1979)
Cette voix suave est du sirop pour
les oreilles. Pour la comparaison, on hésite entre le piaulement nasillard
d’une bête blessée et un chanteur de bal qui aurait malencontreusement attrapé
une angine à cause de l’air conditionné de la 205. On savait le garçon mordu de
musique (Pour le plaisir, c’était
lui), mais tout de même… Selon certaines sources, ce titre aurait été utilisé
pour torturer les détenus de Guantanamo.
Noël Mamère – Les enfants de par là (années 80)
Si nous étions cruels, nous
dirions sans ambages que Noël Mamère est un bide ambulant. Dans ce clip
improvisé au bord d’une piscine, serviette éponge jetée sur les épaules et
peignoir du dernier bon goût, le fringant moustachif nous relate les misères
des enfants des rues. Bon, d’accord, ce n’est pas la piscine du Martinez, et
Mamère n’a pas la classe de Sinatra, mais le cœur y est. Et c’est bien là
l’essentiel.
Sophie Favier –
Aujourd’hui plus qu’hier (1984)
Avant d’animer l’Euromillions et
de se voir proclamée ambassadrice du Bingo on line, notre Fofie nationale
s’était essayée à la chanson, sans véritablement marquer les esprits. D’une
voix aussi délicate qu’une craie ripant sur un tableau, aggravée par un
zozotement que l’on pardonnerait tout juste à une élève d’école primaire, la
délicieuse Sophie, ancienne actrice de films érotiques, nous échauffe les sens
dans un clip torride à souhait.
Pierre Billon – La bamba triste (1985)
Dans la galaxie des bides, il
existe de nombreux styles, mais il faut avouer que Pierre Billon a fait fort.
Le sens précis des paroles de ce chef-d’œuvre demeure aujourd’hui encore
inexplicable. D’un hermétisme mallarméen, évoquant l’écriture automatique chère
aux surréalistes, la chanson ne peut s’expliciter entièrement. On ne saura
jamais ce qu’est un « accord yougoslave », ni la définition exacte du
terme « hydrophilement ».
Patrice Laffont et Bénédicte – Je déchiffre ses lettres (1986)
Resté dans toutes les mémoires
comme animateur mythique du jeu Pyramide,
aux côtés de la non moins légendaire Pépita, Patrice Laffont présenta aussi
pendant 17 ans Des chiffres et des
lettres. Sur une mélopée suave et sucrée, Patrice séduit sa co-animatrice
Bénédicte Galey comme aux plus belles heures de l’amour courtois. On notera les
références constantes à l’émission, tel que « mon compte est bon ».
Du grand art.
Patrick Timsit – Manie ma
nana (1988)
Après le succès de Patrick Bruel
et son Marre de cette nana-là,
l’amuseur public Patrick Timsit s’est cru en droit d’interpréter une
vraie-fausse suite au succès déjà bidesque de son coreligionnaire. On comprend
vite le principe : outre l’allitération lourdingue du titre de la chanson,
le sujet est pour le moins limité. Les déboires de Patoche et de sa femme
coquette qui monopolise la salle de bains. Ce n’est plus une casserole, c’est un
autocuiseur.
Régine – Mes nuits vidéo (1989)
Écrite par Luc Plamondon et
composée par Romano Musumarra (l’homme de l’ombre de la variété accrocheuse, de
Jeanne Mas à Stéphanie de Monaco), cette pépite introuvable sur CD nous montre
une Régine insolite, coquine en diable, qui se console du départ de sa moitié
en visionnant à longueur de nuits films et clips en tous genres, fantasmant sur
les éphèbes qu’elle ne pourra jamais s’offrir. A noter les arrangements dignes
des débuts du jeu vidéo.
Laurence Valmier – Je vais te casser la gueule (1989)
Derrière cette identité
mystérieuse se cache Laurence Piquet, ancienne présentatrice de journaux
télévisés, qui s’est récemment tournée vers l’animation d’émissions exigeantes
portant sur la culture et l’art en particulier. Pourtant, elle nous a laissé
quelques bides stratosphériques comme celui-ci, dont le refrain, tout en
finesse, fera réfléchir à deux fois les hommes un peu trop superficiels.
Roumanie – Le soleil se lève à l’est (1990)
Jamais personne n’aurait pu
imaginer réunir des sommités de la trempe de Thierry Beccaro, Paul Amar et
Bernard Montiel pour rendre un hommage vibrant à la Roumanie post-Ceaucescu.
Cette catastrophe a pourtant eu lieu, si l’on en croit ce titre effroyable, et
le clip qui l’est tout autant. On notera les superbes images en studio, mettant
en valeur le brushing de Michel Drucker et la perruque de Guy Lux.
Jeanne Calment – La farandole (1996)
En 1996, Jeanne Calment atteint
l’âge canonique de 121 ans. Réduite à l’état dégradant de vieux dinosaure,
attraction pour curieux et voyeurs, la pauvre femme se fait exploiter par la
direction de sa maison de retraite. Pour payer les navettes de
« touristes », on la contraint à enregistrer cette horreur, mélange
de techno cheap et de talk over. Ou comment prouver par a+b que la vieillesse
est un naufrage.
Daphnièle – America (2004)
Probablement la pire chanson
française de tous les temps. Cet hommage effrayant aux victimes du 11 septembre
2001 ne s’écoute pas, il se subit. On pourrait légitimement croire à une
blague, mais il n’en est rien. Avec une telle voix, Daphnièle pourrait faire
s’effondrer tous les buildings de Manhattan rien qu’en fredonnant cette
monstruosité. Et dire que tout ça partait d’un bon sentiment… Espérons que les
familles des victimes n’aient pas eu à supporter cette épreuve en plus du
reste.
Frigide Barjot – Fais-moi l’amour avec deux doigts (2006)
Bien avant son engagement
médiatique contre le « Mariage Pour Tous », Virginie Tellenne nous a
laissé un admirable bide, aussi fin qu’un sketch de Jean-Marie Bigard. Loin de
défendre la famille traditionnelle avec pudibonderie, l’élégante Frigide nous
dévoile les secrets de l’amour manuel dans un langage châtié. Cette chanson
risque fort de rester dans les a(n)nales.
Mimie Mathy – La vie m’a raconté (2006)
Comme beaucoup de comédiennes,
Mimie Mathy a cru bon de s’essayer à la chansonnette. Hélas, le résultat n’est
pas à la hauteur (si l’on ose dire) de ses ambitions. Des semi-remorques de
bons sentiments, une morale sur l’existence digne d’un livre de Jacques
Salomé : on conseillerait bien à Mimie-la-science d’arrêter les frais. Ce
qu’elle semble avoir fait, à moins qu’elle ne nous prépare la deuxième fournée.
Normand l’Amour – Le petit pinson dans le buisson (2006)
Auteur de 200 albums en une
multitude de langues, ce chanteur québécois octogénaire a l’habitude
d’improviser sur des thèmes absolument insignifiants, à l’image de ce pinson
perché dans un buisson. Ce titre a toute sa place dans notre classement, il
serait même hors-concours tant la vacuité du texte le dispute au néant
mélodique. Une perle rare.
UMP – Tous ceux qui veulent changer le monde (2009)
C’est bien connu : le
ridicule ne tue pas. Les hommes politiques en savent quelque chose, et faire un
lipdub sur un bide de Luc Plamondon
ne leur pose aucun problème de conscience. Plus que la niaiserie des Jeunes
Pop, on saluera ici le jeu d’acteur de Jean-Pierre Raffarin, le jeté de t-shirt
d’Eric Besson, le naturel de Rachida Dati, ou encore le déhanché de Xavier
Darcos. Les mots nous manquent pour définir cette blague qui n’en était pas
une.
Mention spéciale pour la dernière, juste géniale :P
RépondreSupprimerMa préférence va à la Farandole pour ma part. Bisous
RépondreSupprimerLa chanson de Mimie Mathy est l'exemple type de la chanson pas si mauvaise que ça mais complètement gâchée par un arrangement des plus ridicules !
RépondreSupprimerDaphnièle, c'est une chanteuse qu'il faut au moins avoir écouté une fois dans sa vie et elle ne s'oublie pas. Dommage qu'elle soit une artiste auto-produite. Soyons fous, je lance un label de disques, je lui fait faire des radios et surtout des télés nationales et après je vois combien de disques elle vend. Elle pourrait avoir un disque d'or qui sait ?