jeudi 3 octobre 2013

L'étrange silence des médias sur le carnage de Nairobi


Samedi 21 septembre, une quinzaine de terroristes du groupe Al-Shabbab, venus de Somalie, prend d'assaut le centre commercial de Westgate, à Nairobi (Nigéria). Quatre jours durant, terroristes et militaires s'affrontent jusqu'à la victoire finale des seconds. L'attaque fait au moins 69 morts, dont deux Françaises ; un bilan qui demeure provisoire puisque 39 personnes sont toujours portées disparues. L'événement fait alors la une de tous les médias internationaux. Le 26 septembre, le journal britannique Daily Mail publie les témoignages de soldats kényans. Ceux-ci font état des exactions commises par les assaillants lors du siège. C'est un véritable carnage qui est révélé. Fort étrangement, celui-ci est peu voire pas du tout relayé par nos médias.


Les islamistes radicaux d'Al-Shabbaab ont pourtant fait preuve d'une cruauté sans nom. Une fois Westgate arraché des mains de l'assaillant, les soldats de l'armée kényane ont découvert nombre de cadavres ayant subi des actes de tortures. Certains avaient le pénis arraché, d'autres les yeux crevés ou les doigts sectionnés à la pince. Des corps ont été retrouvés pendus à des crochets. Comble de l'abomination, des enfants gisaient dans des frigos, un couteau planté dans le dos.

Après moult recherches et une attente de plusieurs jours, il est clair que l'information n'intéresse ni la presse ni la télévision ni la radio. Pourquoi un tel silence médiatique ? Difficile voire aventureux d'apporter une réponse définitive. Toutefois, plusieurs pistes d'explications peuvent être avancées. Le carnage eut lieu dans une partie de l'Afrique qui, historiquement, entretient peu de liens avec l'Hexagone. Les élites françaises, qu'elles soient politiques ou médiatiques, sont davantage intéressées par les affaires qui touchent les pays du nord-ouest du continent (Mali, Côte d'Ivoire, Sénégal...), eu égard à leur statut d'ex colonies. La Corne de l'Afrique est liée de préférence à la Grande-Bretagne par la même raison.

Par là découle une appréhension tronquée, car mal considérée, des groupes islamistes radicaux qui sévissent en Afrique noire. Alors que les journalistes et autres experts dissertent volontiers sur la menace fondamentaliste au Moyen-Orient et au Sahel, Al-Shabbaab et consorts ne sont que trop rarement mis en lumière. Or ceux-ci sont tout aussi dangereux et meurtriers. Pour preuve, l'attentat le plus sanglant commis sur le sol kényan avant l'assaut du Westgate fut celui dirigé contre l'ambassade des Etats-Unis en 1998 qui fit plus de 200 morts ; Al-Shabbab en fut à l'origine

Dans le nord du Nigéria, la secte islamiste Boko Haram multiplie depuis quatre ans les attentats à l'encontre de l'Etat fédéral et de la minorité chrétienne. Selon Human Rights Watch, elle serait responsable de la mort de plus de 3600 personnes (terroristes inclus). En Centrafrique, la Séléka est gagnée par l'idéologie islamiste et profite du chaos de la guerre civile pour terroriser la population.

On peut enfin imputer l'étrange silence des médias sur le carnage de Nairobi aux lois qui régissent l'actualité. A l'heure de l'info en continu, un événement en chasse un autre en un rien de temps...Il n'en reste pas moins que la barbarie déployée par les terroristes d'Al Shabbaab effraie par son haut degré de perversité et, qu'à ce titre, elle mériterait d'être connue de tous afin d'être condamnée.

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