Maxime Hauchard aurait pu percer dans le monde du skate. Sa barbe n'était pas un obstacle : de salafiste elle serait devenue hipster. |
Le Français Maxime Hauchard a été identifié sur la vidéo de l'exécution de l'otage Peter Kassig, publiée par l'Etat Islamique le 16 novembre. Agé de 22 ans, il est originaire de Bosc-Roger, une petite commune de 3 200 habitants, située dans l'Eure. Lorsqu'un journaliste du Monde demande au maire comment un djihadiste a pu voir le jour en plein bocage parmi ses administrés, celui-ci
peine à trouver une réponse :
« Basket, karaté, judo, danse… », égrène l’élu, décontenancé. « Je ne pense pas que la jeunesse soit désœuvrée ici. » Au mois d’octobre, détaille le dernier bulletin, la commune venait même de créer un conseil municipal des jeunes afin de « développer leur civisme » et les préparer à leurs vies « d’habitants de la cité ». « Et, on vient même de refaire le skatepark ! ». (source)
C'est l'incompréhension. Comment un jeune peut-il mal tourné alors qu'il a tout pour être heureux ? Rappelons que Maxime Hauchard est issu d'une famille de la classe moyenne. Un père agent de maintenance et une mère employée à la Caf. Pas la vie de château mais pas la misère non plus. Il a eu une enfance somme toute normale, sans traumatisme et sans carence affective. Le jeune Maxime Hauchard était équilibré psychologiquement et satisfait matériellement.
Notre logiciel bloque. Il n'arrive pas à saisir l'origine de la déviance du djihadiste camembert. Quelque chose échappe à notre grille d'analyse post-moderne. Et si, tout simplement, Maxime Hauchard s'était fait islamiste par quête spirituelle ?
Nous comprenons le parcours d'Oussama Ben Laden quand, de riche héritier saoudien, il décide de tout plaquer pour rejoindre la résistance islamique dans les montagnes afghanes. Nous le comprenons car nous savons le Moyen-Orient terre fortement impregnée par la foi musulmane."L'air est saturé de religion" comme l'écrivait l'historien Lucien Fèbvre à propos du Vieux Continent au XVIe siècle. Les conversions, les engagements et les luttes au nom de l'islam y sont fréquents et donc intelligibles à nos yeux.
Djihadisme ou sophrologie ?
Mais un Maxime Hauchard, jeune Normand comblé, sans histoire, sans problème, en 2014, dans une Europe sécularisée depuis des lustres, nous ne le comprenons pas. Nous ne comprenons pas qu'un Occidental sain d'esprit puisse quitter le confort matériel de sa civilisation pour embrasser le djihadisme dans un région en conflit. Préférer le désert à la sécurité.
Contrairement à ce qu'affirmait Karl Marx, le désir de transcendance ne peut se réduire à cet opium nommé religion que la bourgeoisie inoculerait au peuple pour le garder sous sa coupe. La soif d'au-delà et l'accomplissement d'idéaux continuent de travailler sincèrement nombre d'entre nous. L'erreur contemporaine consiste à nier cette composante de l'homme et à ne voir en lui qu'un simple consommateur, heureux tant qu'il assouvit ses besoins matériels. De la façon la plus terrible, Maxime Hauchard nous rappelle que nous sommes intrinsèquement des êtres spirituels. Nous pensons et avançons en nous projetant par-delà nos conditions matérielles d'existence.
Un skatepark ou un conseil municipal des jeunes ne peut étancher la soif spirituel d'un homme de 22 ans. Par ailleurs, l'offre est réduite à peau de chagrin de nos jours. Djihadisme ou sophrologie ? Un esprit faible et fiévreux a vite fait le choix.
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