Ils sont rares ces films où un acteur -ou une actrice- vampirise les regards du spectateur. A tel point qu'il parvient à faire oublier les défauts majeurs de l'oeuvre dans laquelle il/elle évolue. Anna Mouglalis est de ceux-ci. Elle interprète donc Coco Chanel, jeune modiste très en vogue, qui assiste en 1913 à la première représentation à Paris du Sacre du Printemps signé par Igor Stravinsky. Scandalisé par son anti-conformisme, le public conspue l'oeuvre du compositeur russe. A contrario, Coco est littéralement subjuguée. Les deux artistes se rencontrent quelques années plus tard lors d'une soirée mondaine. Coco propose à Igor, réfugié politique, de s'installer avec femme et enfants dans sa résidence secondaire pour composer. S'en suit une passion torride et féconde...
Anna Mouglalis campe une Coco Chanel parfaite. Belle, classe, élégante (forcément), racée, à la fois altière et sensuelle, marmoréenne et féline. Elle ressuscite cette figure de la mode telle que tout à chacun se la représente idéalement. Chacune de ses apparitions à l'écran agit comme un magnétisme tant le moindre de ses regards ou de ses gestes fascine. Anna Mouglalis incarne plus que Coco Chanel, elle incarne le charme. Elle devient cette force que l'on peine à décrire, qui agit insidieusement sur le coeur et l'esprit.
Au-delà de son attitude et de ses poses, l'actrice irradie le film de sa beauté. Sa silhouette gracieuse et élancée, son col de cygne -pour lequel Le Parmesan se serait damné-, son visage idéalement oblong, sa bouche pulpeuse, ses grands yeux bruns...tout chez elle dégage une beauté hypnotique et authentiquement sculpturale. Sans oublier sa voix, rauque et diablement sexy.
Le charme opère à tel point que le personnage de Coco n'a pas besoin de beaucoup parler pour séduire celui de Stravinsky, magnifiquement interprété par le charismatique Mads Mikkelsen. Le compositeur russe est, par ailleurs, tout aussi avare de mots. Il ne parvient à s'exprimer réellement que par sa musique. Ainsi, la relation qui se noue entre les deux créateurs est-elle basée sur de nombreux silence et non-dits. La passion se transmet comme par télépathie, par le regard et par les sens. Elle jaillit dans sa plénitude via l'art. Durant leur idylle, Coco crée Chanel n°5 et Igor invente le néo-classicisme.
"Coco Chanel & Igor Stravinsky" fait peu de cas des dialogues et privilégie la relation entre l'esthétique et la musique, la forme et le son, la Française et le Russe. L'union fonctionne à merveille et agit, là encore, comme un charme. Certaines scènes sont ainsi littéralement envoûtantes. Connu pour ses prouesses visuelles dans des films tels que "Doberman" ou "Blueberry, l'expérience secrète", le réalisateur Jan Kounen opte pour une mise en scène élégante et soignée, quoiqu'un peu trop sage.
Mélomanes et esthètes, regardez sans une once d'hésitation ce "Coco Chanel & Igor Stravinsky", sublimé par la prestation enchanteresse d'Anna Mouglalis. Rarement le charme sur pellicule n'a été si puissant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire