samedi 5 octobre 2013

Mon dîner (de merde) avec François Fillon



J'étais hier de passage dans la riante cité de Sablé-sur-Sarthe afin de visiter les fromageries Bel. Rappelons que celles-ci produisent l'auguste Babybel, un fromage qui réunit haute qualité gastronomique et génie marketing -tout un chacun fut marqué à vie par la reprise de Baba O'Riley des Beach Boys et son fameux refrain "Ba-ba-ba Ba-ba-babybel c'est toi qu'on aime". Bref, une fois sorti de cette vénérable institution française, j'aperçus un homme dont le visage ne m'était pas inconnu. Regard triste, sourcils touffus, mèche élégamment peignée...Pas de doute, je me trouvai nez-à-nez avec François Fillon. Il avançait à vive allure. l'air sombre et la tête baissée,  les bras chargés de sacs de courses. Je décidai de l'aborder :

- Bonjour monsieur Fillon.
Il s'arrêta net, leva les yeux vers moi et, visiblement intrigué, répondit d'une voix enrouée :
- Euh...Bonjour.
- Vous me reconnaissez ? C'est moi Barbarossa !
- Ah euh oui, désolé je ne vous avais pas reconnu sur le coup. Que faites-vous dans la région ?
- Eh bien, je visite votre magnifique fief. Je sors à l'instant des fromageries Bel et j'enchaîne demain matin avec la visite de l'usine Charal.
- Oh très bien. Dites-moi, l'heure du dîner approche et je me rends chez moi afin de passer à table. Voulez-vous vous joindre à moi ?
- Avec grand plaisir !
Nous marchâmes en direction du manoir de Beaucé, propriété de François et Pénélope Fillon depuis une quinzaine d'années. Une fois arrivés, l'ex premier ministre se précipita en cuisine.
- Installez-vous à la grande table de la salle à manger. Je vous abandonne un court instant : je dois préparer le dîner, Pénélope s'étant absentée pour quelques jours. Mais n'hésitez pas à vous servir un verre. Il y a tout ce qu'il faut dans la commode en acajou sur votre droite.
- Oh merci.

Après m'être servi une "Grosse Bertha" -Chartreuse, absinthe, jus de tomate et rondelle de kiwi- j'engageai la conversation sur la polémique dont le député de Paris fut récemment la victime (rafraîchissez-vous la mémoire ici) :
- Monsieur Fillon, j'ai une question à vous poser.
- Pardon ? Veuillez parler plus fort, je vous entends mal de la cuisine !
- Je disais : j'ai une question à vous poser.
- Eh bien, faîtes.
- Pourquoi avez-vous affirmé, puis confirmé, que le vote PS pouvait être aussi sectaire que le vote FN, vous l'ardent défenseur du cordon sanitaire qui consiste à faire barrage coûte que coûte à l'extrême-droite en période électorale ?
- Je vais vous répondre, Barbarossa...en toute transparence et sans langue de bois.

Tablier de cuisine aux couleurs de l'UMP (oui, ça existe).

 L'ex ministre de l'Education nationale surgit de la cuisine vêtu d'un tablier aux couleurs de l'UMP. Il portait à bout de bras un énorme plateau en argent massif sur lequel était disposée une pile de couleuvres vivantes cernée d'une salade des plus verdoyantes. Ce fut à grand-peine qu'il avança le plat en main. Une fois celui-ci posé sur la grande table, l'ex sénateur de la Sarthe se mit à mélanger frénétiquement la salade tout en discourant de la façon suivante :
- Comprenez-moi Barbarossa. Je suis forcé d'adopter une telle stratégie si je veux remporter les primaires UMP pour les présidentielles. Avec l'évolution idéologique de mon parti vers une droite dure, je me dois de marcher sur les plates-bandes de Copé ; mieux, de le doubler sur sa droite. Et ce n'est pas de gaieté de coeur que j'agis de la sorte. J'ai tout essayé pour attirer la lumière sur moi et séduire les militants :  je suis allé maintes fois à leur rencontre, j'ai multiplié les meetings dans toute la France...pour un résultat nul. 
Il se mit à mélanger de plus en plus énergiquement la salade, faisant peu de cas des couleuvres qui sifflaient dans le plateau. Avec un ton méphistophélique, il reprit :
- Je suis prêt à tout pour conquérir l'UMP afin d'être investi candidat du parti pour 2017. J'en ai marre d'être député et je ne peux plus me contenter d'un poste de ministre. Je sais que mon destin et celui de la France doivent se rencontrer : je serai président de la République ou rien ! Mon objectif : les clés de l'Elysée ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour les obtenir. Au diable le cordon sanitaire ! Au diable le pacte républicain !...Vous prendrez de la couleuvre ?
- Euh non merci, je n'ai pas pour habitude d'en avaler. Je me contenterai  de la salade.
- Mais sachez que, moi non plus, je ne les avale pas. Je fais mieux...

La couleuvre est un animal très apprécié de la classe politique.

Après m'avoir servi copieusement en salade, il prit à pleine main une grosse poignée de couleuvres qu'il maintint gueule vers le haut. Il se tourna vers un gigantesque tableau accroché au-dessus de la cheminée représentant feu Philippe Séguin l'air hilare, en train débiter un saucisson. Des sanglots dans la voix, il marmonna :
- Pardonne-moi Philippe...
L'ex président du conseil régional des Pays de la Loire plaça les couleuvres au-dessus de sa tête, puis ouvrit grand la bouche. Les reptiles se mirent alors à déféquer copieusement en plein dans son gosier. De puissants jets d'excréments coulèrent en continu pendant plusieurs minutes, si bien que le malheureux ex conseiller général de la Sarthe peinait à avaler toute la merde de couleuvre qui lui tombait toute chaude dans la bouche. Une odeur pestilentielle se répandit dans la salle à manger. Face à tant d'ignominie, j'eus envie de vomir.
- Euh...je vais vous laisser monsieur Fillon. Merci infiniment pour ce dîner. La salade était...délicieuse.
- Je vous en prie, me répondit-il la bouche débordant d'excréments fumants.
Je pris la poudre d'escampette et gagnai en tout hâte mon hôtel Formule 1. Je m'endormis paisiblement en songeant au spectacle effroyable auquel je fus confronté dans le manoir de Beaucé. Je me dis intérieurement : "comment peut-on servir de la salade sans vinaigrette...quelle honte !" et sombrai dans les bras de Morphée.

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