mardi 4 février 2014

Le Phonographe du Fumoir #10


Le Phonographe démarre l'année 2014 comme il a terminé 2013 : en beauté, en fanfare, en grande pompe et surtout en musique. Toujours plus d'éclectisme, de talent et d'émotions : nous formons nos voeux les meilleurs et les plus ardents à vos expertes oreilles en cette nouvelle année.

SWAGG MAN - Black Card (2014)

Swagg Man est un pur produit de l'ère Internet. Le gaillard s'est fait connaître en publiant des vidéos sur Youtube où il exhibait son mode de vie luxueux, sans qu'aucune activité sérieuse lui soit connue. Lui se déclare artiste hip hop ; des rumeurs font de lui un ancien malfrat dont la fortune serait le résultat d'un braquage juteux. Toujours est-il que Swagg Man et sa tronche barbouillée de tatouages, tous plus moches les uns que les autres, a sorti son premier single il y a une semaine : Black Card. On peut aisément le comparer à une diarrhée sonore, illustrée qui plus est par un clip plus cheap tu meurs. Une bonne tranche de rigolade rien que pour vous.



FRANK ZAPPA - Cletus Awreetus-Awrightus (1972)

Vous ne connaissez pas Frank Zappa ? Cela est triste, mais, rassurez-vous, rien n'est perdu. Cet artiste américain (1940-1993) fut tout à la fois guitariste virtuose, auteur-compositeur de talent et esprit loufoque. Intolérablement mésestimé, Zappa n'a eu de cesse de mêler musiques dite mineures (rock, funk, doo wop) et majeures (jazz, musique concrète et contemporaine) dans le même creuset libertaire et farfelu au fil d'une discographie pléthorique -97 albums studio et live sont officiellement recensés. Tel un Rabelais des temps modernes, FZ se distinguait par la façon des plus sérieuses (chacune de ses compos était transcrite en partition) avec laquelle il créait des pièces bourrées d'humour et de second degré. Cletus Awreetus-Awrightus et son orchestre fou en est un bel exemple.


RICK ROSS feat. JAY-Z - The Devil Is a Lie (2013)

On compare volontiers Rick Ross à un poids lourd. Rien de plus légitime puisque le natif de Miami accuse aisément le quintal et truste depuis plusieurs années la tête des charts américains catégorie hip-hop. Rick Ross est donc ce qu'on appelle un mec qui pèse. Il pose son flow pachydermique sur l'instru gorgé de groove de The Devil is a Lie -une collaboration cinq étoiles avec Jay-Z, qui redonne foi à tous ceux qui douteraient de la majesté du rap outre-Atlantique.


STEVIE WONDER - I Was Made To Love Her (1967)

Stevie Wonder, que l'on surnomme encore Little Stevie, a 17 ans lorsque "sort dans les bacs" (expression périmée) le single I Was Made To ove Her. Il est déjà une mega star. On ne répétera jamais assez à quel point l'auteur de Fingerstips et Uptight éclaboussa l'époque de son génie -il est d'ailleurs urgent de se replonger dans son opulente et brillante oeuvre, si cela n'a été fait. I Was Made To Love Her est une véritable pépite made in Motown : elle emprunte à la pop son efficacité mélodique tout en conservant une armature soul partagée entre sensualité et spiritualité, le tout sublimé par le chant euphorisant de Little Stevie. En bref, l'équivalent de cinq verres de jus de fruits multivitaminé.


FRED NEIL - Ba De Da (1966)

Fred Neil fait parti de la nébuleuse d'artistes folk de la décennie 1960 que la gloire n'a, volontairement ou non, jamais embrassé. L'auteur-compositeur de Everybody Talkin' (chanson phare du film "Macadam Cow Boy") a choisi sa voie dès le début de sa carrière : bien à l'ombre des projecteurs et autres lumières, fuyant même jusqu'aux studios d'enregistrement et ce au profit de la scène. Avec seulement quatre albums à son actif, Fred Neil a préféré laisser aux autres (Roy Orbinson, Harry Nilsson) le soin d'interpréter ses compositions et d'en faire de véritables hits. Une carrière à la Johnny Cash s'offrait à lui -lui qui partageait avec l'homme en noir ce même grain de voix sépulcral....Fred Neil a préféré vouer sa vie à la protection des dauphins. Tant mieux pour eux, tant pis pour la musique.


BILL FAY - 'Til the Christ Come Back (1971)


Pendant des décennies, Bill Fay fut l'objet d'un véritable culte. Auteur-compositeur-interprète mystérieux, il n'enregistra que deux albums confidentiels (Bill Fay en 1970 et The Time of the Last Persecution en 1971 ) dont les vinyles se transformèrent au fil du temps en véritables graal pour tout mélomane averti. De sa voix fragile, Bill Fay chantait les troubles de l'introspection, puisant dans la religion l'essentiel de son inspiration. 'Til the Christ Come Back contient la quintessence de son art, où fièvre et mélancolie s'entrelacent dans un rinforzando de cuivres impétueux.


CLAUDE DEBUSSY - Clair de Lune (1890)

Clair de Lune est l'air le plus célèbre de Claude Debussy. Troisième mouvement de la Suite bergamasque, il constitue l'équivalent musical d'une toile d'un autre Claude, Monet : onirique et éthéré, tout en nuances, tel un long sfumato pianistique...en un mot, impressionniste. Vous l'avez sûrement entendu il y a quelques années de cela à l'occasion du visionnage d'une pub pour Chanel n°5 où Nicole Kidman, qui possède le front le plus imposant du tout Hollywood, déambulait vêtue d'une robe au large décolleté dorsal.


JUSTICE vs SIMIAN - We Are Your Friends (2006)

Quelques mois avant de faire danser la terre entière au son de son tube D.A.N.C.E., le duo français Justice publiait le remix de Never Be Alone du groupe anglais Simian, rebaptisé We Are Your Friends. Difficile de résister au groove diabolique dudit morceau : basse surpuissante, synthés hypnotiques et chant possédé se chargent d'asservir vos cages à miels en moins de deux.

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