Les événements des 7 et 9 janvier ont lancé le débat sur la nature intrinsèquement violente ou non de l'islam. A l'instar de Michel Onfray ou d'Eric Zemmour, certains intellectuels ont mis en avant les origines sanglantes de la religion mahométenne. Le Coran contiendrait des versets belliqueux et appelant au massacre des mécréants. Ainsi, la frontière entre islam et islamisme (ou plus précisément djihadisme) serait-elle des plus poreuses. D'après eux, entre un muslumanmodéré et un terroriste salafiste, il n'y aurait donc qu'un pas. En somme, l'islam est une religion potentiellement dangereuse. Il doit être encadré par les "valeurs de notre République" pour éliminer en son sein tous germes de violence. L'islam est vilipendé au nom de la défense de la République. Un discours digne de la parabole évangélique de la paille et la poutre.
Certes, les versets belliqueux et violents existent dans le Coran. Parmi les plus connus, citons le cinquième verset de la sourate 9 ou les versets 190 à 193 de la sourate 2, dite de la vache. De même, il est indéniable historiquement que Mahomet fut un chef de guerre et qu'il ordonna, par exemple, le massacre des combattants juifs des tribus médinoises qui refusèrent de se joindre à lui pour lutter contre l'ennemi mecquois. Tout ceci est incontestable, et libre aux musulmans de l'intégrer comme bon leur semble dans leur foi. Toutefois, il est indispensable de rappeler aux défenseurs de l'intégrité républicaine que notre régime est lui aussi né dans le sang.
Sans évoquer les prémisses violentes de la Révolution (prise de la Bastille, nuit du 4 août 1789), rappelons que l'avènement de la Ière République en septembre 1792 s'est fait sur les monceaux de cadavres laissés par la prise des Tuileries (600 gardes suisses tués le 10 août), et des "massacres de septembre" (1 450 morts du 2 au 6). C'est au nom de la défense de la jeune République que furent massacrés les Vendéens refusant de s'enrôler dans l'armée. C'est au nom de la défense de la République et de sa valeur étalon, la Liberté, qu'on décréta la terrible sentence "Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté" et que des centaines de têtes d'opposants tombèrent sous le couperet de la guillotine. Les fonds baptismaux de la République sont gorgés du sang des victimes des noyades de Nantes, des colonnes de Turreau ou du siège de Lyon. Par ailleurs, notre hymne n'appelle-t-il pas à ce qu' "un sang impur abreuve nos sillons" ?
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Des centaines de personnes, nues et attachées deux par deux, ont péri noyé dans la Loire lors de festifs "mariages républicains" |
Il suffit de relire René Girard pour se rappeler que chaque civilisation ou société naît dans la violence. Aucune n'a les mains blanches. Bien sûr, il n'est pas question d'atténuer la violence des actes djihadistes, que ce soit ici en France ou ailleurs en Syrie ou au Nigéria. Seulement, il impert de rappeler que très peu de Français ont envie de tuer des anti-républcains après avoir entonner, aussi fougueusement soit-il, la Marseillaise. Entre une doctrine et son application, il y a plus qu'un pas.