Entendons-nous bien : les films ci-dessous ne sont pas tous à ranger dans la catégorie des navets. Certains font montre d'indéniables qualités et demeurent d'assez bonne facture. Sont présentes ici les oeuvres m'ayant profondément déçu eu égard à leur excellente réputation. Je ne comprends toujours pas comment celles-ci aient pu décrocher le titre de chef-d'oeuvre. Cela reste un mystère qui m'empêche de dormir la nuit. Si vous avez des explications, communiquez les moi s'il vous plaît. Je vous en supplie.
A BOUT DE SOUFFLE (1960) de Jean-Luc Godard
Commençons en douceur avec le premier film du réalisateur suisse Jean-Luc Godard. Le problème avec A bout de souffle est le même pour tous les films qui ont incarné en leur temps une révolution technique : ils résistent mal à l'épreuve du temps. Ce que l'on saluait en 1960 comme une oeuvre originale et pleine d'intensité nous apparaît aujourd'hui aussi rythmé et fantaisiste qu'un épisode de Plus belle la vie. Reste le charme inhérent au Paris de l'époque et le joli couple interprété par Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Mis à part ça, A bout de souffle porte en germe tous les miasmes du cinéma parisianiste et pseudo-intello (goût pour l'intimiste, accent mis sur la psychologie au détriment de l'intrigue, dialogues vaseux...) qui a depuis envahi les salles obscures hexagonales. La Nouvelle Vague a tué le cinéma français qui jadis alliait culture populaire et élitiste. A bout en souffle fut le premier coup de couteau.
Note : 3/5 sur l'échelle de la déception
LES VALSEUSES (1974) de Bertrand Blier
Célébré comme un sommet d'impertinence, le film qui révéla le trio Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou s'impose surtout comme un sommet de bêtise. On y suit les conneries de deux voyous foncièrement antipathiques mises en scène dans le seul but, de l'aveu même de Bertrand Blier, de choquer le bourgeois. Ca se veut provocateur mais c'est avant tout pénible et d'une imbécilité affligeante. Prétendue ôde à la liberté, Les Valseuses fait preuve d'une intrigue dépourvue de fond, desservie par des dialogues nullissimes. On est très loin de l'humour noir et absurde qui fera tout le sel de Buffet Froid réalisée une dizaine d'années plus tard par le même Blier. Plus que l'ennui, c'est l'agacement qui prend possession du spectateur qui n'a d'autre envie que de gifler les deux abrutis campés par Depardieu et Dewaere. Une gigantesque arnaque.
Note : 4/5
IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE (1984) de Sergio Leone
Dieu sait que j'adore Sergio Leone. Le Bon, la brute et le truand demeure à mes yeux un authentique chef-d'oeuvre. Toutefois, là où la caméra du maître du western spaghetti magnifie les grands espaces du Far West, elle paraît totalement inapropriée aux paysages urbains. Pour son dernier long-métrage, le réalisateur italien délaisse les cow-boys de l'Ouest pour les gangsters new-yorkais de la Prohibition. Il était une fois en Amérique s'étend sur plus de trois heures, ce qui en soi n'est pas une tare, si le spectateur est maintenu en haleine. Ce que ne réussit absolument pas à faire Sergio Leone. Le film est lent, très lent, trop lent. L'intrigue est d'une pauvreté alarmante et rien ne vient extirper le spectateur de la torpeur qui, infailliblement, l'envahit -ni les personnages à la psychologie famélique, ni l'esthétique (photographie vieillote, des décors en carton) pas même la musique signée Ennio Morricone avec son insupportable flûte de pan. Il était une fois en Amérique est un film de gangsters raté. Quant à la pseudo-réflexion proustienne qui, selon Sergio Leone, imprègne son testament cinématographique, elle aurait gagné à être creusée et m'a laissé personnellement de marbre.
Note : 5/5
A posteriori, Les Affranchis fait figure de brouillon préparatoire au véritable chef-d'oeuvre qu'est Casino, sorti en salles quelques années plus tard. Même trio de personnages dominant l'histoire, même schéma relatant l'ascension, la gloire puis la chute d'un homme au sein du "milieu" et même bande-son omniprésente. Cependant, là où Casino brille de mille feux par sa grandiloquence, Les Affranchis fait grise mine avec son air de série B à la photographie désuète. Partant d'une idée de base des plus intéressantes (la bio d'un type voulant devenir gangster), Scorsese passe à côté de son film, pêchant par manque d'ambition. Je suis resté sur ma faim. Un peu comme un type dans un restaurant qui commanderait du foie gras et à qui l'on servirait de la terrine de campagne. C'est bon la terrine, je ne dis pas, mais ça vaut pas le foie gras.
Note : 3,5/5
La plupart des critiques -presse comme spectateurs- s'accordent pour qualifier Magnolia de merveille du 7e art, une splendeur de film chorale qui traite avec génie de l'absurdité de la condition humaine. Je n'y vois qu'un soporifique téléfilm de trois heures, adapté pour grand écran, qui dégouline de mièvrerie. Prenez garde je vais spoiler sans aucun scrupule ! Comment ne pas balancer entre la plus profonde consternation et le franc éclat de rire lorsque, premièrement, tous les personnages entonnent sans crier gare une ballade puant la niaiserie alors qu'ils se trouvent à des endroits totalement opposés, et lorsque, deuxièmement, une pluie de grenouilles (oui oui) s'abat sur tout ce beau monde en guise de fin ??? Sous prétexte de livrer un tableau pessimiste des rapports humains, Paul Thomas Anderson nous afflige d'un film mosaïque prétentieux à l'intrigue digne d'un soap opéra. Fuyez cette magnolia malodorante !
Echelle de déception : 4,5/5
KILL BILL (2004) de Quentin Tarantino
Considérez un DJ qui souhaiterait remixer ses chansons préférées en les mettant au goût du jour. Le problème est que celui-ci manque de personnalité et que ses références l'écrasent, si bien que le résultat n'est qu'un assemblage de morceaux sans grand intérêt. Tarantino est ce DJ et Kill Bill son remix raté. Tout ce qui fit le génie de ses premiers films est aux abonnés absent. Les dialogues jadis abondants et savoureux sont réduits à peau de chagrin, la bande originale enthousiasme à peine et l'intrigue tient sur un timbre. Seule la mise en scène, clinquante, sauve le film du naufrage -mais c'est pour mieux masquer l'indigence du fond. Au final, Kill Bill fait l'effet d'un divertissement un peu bête pour adolescents en quête d'hémoglobine. Hommage tout sauf subtil au cinéma asiatique, le quatrième long-métrage de Tarantino met à nu les limites de son cinéma : une oeuvre immature dont la seule volonté est de copier ses aînés.
Note : 4/5
DRIVE (2011) de Nicolas Widding Refn
Ce n'est que très récemment que j'ai vu pour la première fois le film qui, pour beaucoup, a renouvelé le thriller. Pendant presque deux ans, mes oreilles saturèrent de ces mots prononcés avec un mélange d'étonnement et de mépris : "Quoi ? T'as pas vu Drive ? Faut que tu le vois, il est génial..." Ma déception fut à la hauteur de mes espérances. J'aime les personnages peu loquaces (Clint Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand par exemple) mais il me semble que Ryan Gosling confond mutisme et statisme. Sa prestation est loin d'être mauvaise, mais son personnage agace très vite à cause du balai invisible qui est carré dans son postérieur. Plus sérieusement, à aucun moment je ne suis "rentré dans le film", quand bien même l'ensemble est un hommage à la série b des années 80 -ô indécrottable post-modernisme ! L'histoire d'amour entre le driver et la blondinette est tout sauf crédible : la scène de leur escapade au bord de l'eau est digne d'un mauvais clip vidéo. Drive sombre vite dans un esthétisme tapageur ; Refn veut en mettre plein les yeux surtout lors des séquences de violence, si bien que l'esbroufe neutralise l'effet escompté. C'est le cas notamment avec la fameuse -et téléphonée- scène de l'ascenseur qui m'a laissé froid.
Note : 4/5
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